J’aimerais, aujourd’hui, avec un peu de recul faire part de ma position en tant que créatrice du Label Etablissement Bien Traitant, qui s’adresse non seulement au secteur de la personne âgée, mais également aux secteurs du handicap et social.
Le Label Etablissement Bien traitant : une solution de prévention créée en 2016
Dès 2015, AX’AIDE perçoit
- la problématique du manque de repères quant à la bientraitance en tant que manière de faire, de dire, et d’être
- le manque de prévention, de méthodes et d’outils pour faire face au risque de maltraitance et lutter contre l’omerta
Le Label Etablissement Bien Traitant voit le jour en 2016 dans le but de valoriser la qualité de travail des professionnels de notre secteur. Parce que disons-le : « En 25 ans d’expérience, je n’ai jamais rencontré de professionnels dont la volonté de choisir nos métiers auprès des personnes vulnérables est dans l’objectif d’ être maltraitant », Anne Picard
AX’AIDE met plusieurs années pour mettre au point des méthodes de travail, des outils et des pédagogies permettant aux établissements de développer la culture de la bientraitance, lutter contre le risque de maltraitance et le phénomène de l’omerta.
Le Label est arrivé à maturité et est une réponse pertinente qui prend tout son sens aujourd’hui, dans la problématique des EHPAD, mais plus largement des ESSMS.
D’ores et déjà, des pistes d’augmentation d’effectifs de professionnels, de mise en œuvre de contrôles et de critères qualité sont sur la table. Mais, ces moyens ne suffiront pas à créer la culture dont nous avons besoin auprès des acteurs de terrain, – qui rappelons-le sont déjà les grands oubliés dans les mesures annoncées. Nous pensons aux professionnels, membres de l’encadrement, directeurs d’établissement, membres des conseils d’administration qui œuvrent tous les jours auprès de nos personnes vulnérables.
La maltraitance : un sujet qui n’est pas nouveau
Le livre « Les fossoyeurs » (2022) de Victor Castanet, complète la bibliographie déjà, et malheureusement très fournie, de livres-alertes sur le sujet de la maltraitance. Nous ne citerons que quelques-uns « Cessons de maltraiter les vieux » (2021) d’ Elise Richard , « Tu verras maman, tu seras bien »de Jean Arcelin (2020), « EHPAD : une honte française » Anne-Sophie Pelletier (2020),« J’ai rendu mon uniforme » (2019) de Mathilde Basset, Le scandale des EHPAD de Hella Kherief (2019), « La maltraitance des personnes âgées: L’envers du décor » de Yannick Sauveur (2015). La liste serait plus longue si nous regardions les titres parus pour d’autres publics vulnérables comme les enfants ou les personnes en situation de handicap.
Merci à ces lanceurs d’alerte dont le travail permettra de bouger les lignes de demain.
Une prise de conscience collective nouvelle
« Je remarque une vraie prise de conscience dans les établissements sociaux et médico-sociaux mais également dans le grand public quant à la problématique de la maltraitance. Je daterai cette prise de conscience depuis le Mouvement #MeToo en 2017 », Anne Picard . Dès lors, les problématiques de violence, de harcèlement et autres maux se sont installés dans le débat public, obligeant nos dirigeants à mettre en place de nouvelles mesures, et ce, rapidement.
Aujourd’hui, et logiquement, après la loi sur la maltraitance animale (votée en novembre 2021), ne soyons pas surpris que la préoccupation se tourne, enfin, vers les personnes vulnérables. D’ailleurs, la société pourrait s’interroger sur le fait que cette problématique arrive aussi tardivement sur le devant de la scène. Certains diront « âgisme », d’autres « manque d’inclusion des personnes handicapées dans notre société » !
Un enjeu de société
Quoi qu’il en soit, nous y sommes. La question est donc désormais de trouver des solutions concrètes et opérationnelles, qui pourront dégager un modèle sociétal et culturel. En effet, à l’échelle de l’histoire de l’humanité, nos sociétés n’ont encore jamais eu à gérer de tels phénomènes de vieillissement et de handicaps de population. Il s’agit là d’une problématique de nos sociétés occidentales dont il faut inventer l’avenir.
Il est tant de dépasser les slogans, comme le bien vieillir ou les intentions pour passer à l’action.
Valorisons ce que nous savons déjà faire
Au-delà des considérations financières ou d’effectifs, la bientraitance existe et la maltraitance n’est pas consentie au sein des établissements.
La preuve est que des établissements réussissent à se faire labelliser moyennant un travail de fond sur l’Information, la Formation, l’Interrogation de leur Pratiques et de leur Management. (IFPM du Label).
Clairement, les professionnels doivent être formés à une définition commune des fondamentaux de la bientraitance, afin de pouvoir repérer dans leurs pratiques ce qui l’est ou ne l’est pas.. Les établissements ont besoin de mettre en place des actions pour que cette culture se développe, comme une culture d’entreprise au sein de leurs murs. Une culture prend du temps, elle doit être alimentée à tous les niveaux hiérarchiques, et demander des moyens d’actions prévus, comme tout moyen de gouvernance.
Formons-nous à la prévention du risque de maltraitance et aux moyens de lever la loi du silence
En ce qui concerne la maltraitance, les personnels, les familles, et les usagers doivent pouvoir bénéficier d’un cadre sécurisé et écouté de leur parole afin de pouvoir signaler toute forme de maltraitance (y compris la maltraitance en creux = celle que l’on ne voit pas dans le quotidien). Les personnels doivent également être formés au repérage et à leurs obligations de signalement. Il n’y a pas de « petites maltraitances », il n’y a que différentes formes, différentes « intentions », différentes consciences dans l’acte de maltraitance, ce qui rend parfois difficile sa qualification.
Quant à l’encadrement, les directions et membres des conseils d’administration, ils doivent également mettre en œuvre des actions permettant un engagement transparent public, engagé et repéré, quant à la prévention et la gestion du risque de maltraitance.
C’est pour toutes ces raisons que la première phase avant la labellisation, est une phase de mise en place de moyens de formation pour créer une acculturation de tous les acteurs en matière de bientraitance (que nous considérons comme un droit fondamental de toute personne vulnérable prise en charge) et de maltraitance (que nous distinguons dans le cadre de la prévention et la gestion des risques)
Engageons-nous dans des règles d’éthique et de déontologie indiscutables vis-à-vis de tous les acteurs
Le Label ne peut garantir qu’un acte de maltraitance est impossible. Par contre, il garantit que tous les acteurs sont engagés à ne pas cautionner l’omerta, ou la loi du silence et que ce qui devra être fait dans le cas d’un acte avéré sera réalisé.
Prévenons et préparons-nous à gérer le risque de maltraitance comme tous risques
Alors que les établissements sont soumis à des obligations de sécurité et de prévention des lieux et de leurs personnels (d’ailleurs, le risque de maltraitance n’est jamais évoqué dans les DUER). Aujourd’hui, aucun moyen n’est dédié à la prévention du risque concernant les usagers. (Dans n’importe quelle entreprise, le risque client est pourtant toujours pris largement en considération dans la répartition des moyens). Alors créons ce risque !
Ne laissons pas ternir plus encore notre secteur de l’accompagnement
Clairement, notre secteur, nos établissements et ses professionnels ne sont pas assez « armés » contre la médiatisation de fait de maltraitance. Nous connaissons tous les effets délétères de cette médiatisation des structures et des professionnels, le doute engendré auprès des usagers et des familles ou l’image de notre secteur. L’effet de généralisation est aux portes de nos établissements et de ses gestionnaires.
Protégeons notre secteur et ses professionnels par nos engagements et notre qualité de travail !
Travailler à l’attractivité des métiers et du secteur
Notre secteur connaît des difficultés d’attractivité, de turnover et de reconnaissance de son action bientraitante. Ce Label, est une réponse positive à tous les personnels et futurs jeunes qui souhaitent continuer à exercer un métier humain, reconnu dans ses compétences, dans un environnement de travail, lui aussi, investit dans la qualité et le sens du travail auprès des personnes vulnérables.
Oui, nos métiers restent de beaux métiers et doivent encore être capables de créer des vocations !
Demander le financement de cette démarche de reconnaissance et de valorisation de la qualité et des garanties pour nos publics accompagnés
A ce jour, une cinquantaine d’établissements sont prêts à s’engager dans une démarche de Labellisation. Demain, ils seront plus. Preuve en est de la nette augmentation du nombre d’appels que nous recevons depuis une semaine. Alors que le coût de ce Label est de l’ordre de quelques centimes sur le prix journée d’un résident, ces établissements peinent à trouver le financement des formations permettant de mettre en œuvre cette démarche d’acculturation pré-labellisation.
Certains financeurs se sont pourtant déjà engagés dans le financement.
Demandez au vôtre !
Par Anne Picard.
Un 2 en 1 : Préparer son Label Etablissement bientraitant ET son évaluation externe
Un moyen d'aborder la prochaine évaluation externe sereinement, positivement et en équipe pluridisciplinaire.L'outil d'auto-diagnostic du Label Etablissement Bien Traitant intègre les critères du nouveau manuel de la qualité 2022.